VACCINATION

UNICEF Cameroon
6 min readApr 29, 2019

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Les femmes notables du lamidat de Ngaoundéré, partenaires précieux du district de santé urbain de Ngaoundéré dans le suivi de la vaccination.

Damaris, une femme notable du lamidat de Ngaoundéré, particulièrement engagée

Damaris, jeune femme active, engagée, passionnée, fait partie des femmes notables de Ngaoundéré qui œuvrent depuis 2016 dans leur communauté. Elles vont à la rencontre des femmes, écoutent leurs doléances et les transmettent au lamido, l’autorité traditionnelle de la ville, afin de trouver des solutions à leurs problèmes, nombreux. Depuis l’an dernier, elles sont un partenaire précieux du district de santé urbain de Ngaoundéré dans le suivi de la vaccination.

Les femmes notables ne sont pas constituées en association. Dans le contexte de l’Adamaoua, il s’agit d’un rôle traditionnel qui leur a été confié. Damaris explique. « Nous avons été intronisées par le lamido lui-même. Nous sommes des femmes notables, appelées à parler, à être des intermédiaires entre les femmes et le lamido. Ici, dans notre région à majorité musulmane, la femme n’a pas vraiment le droit à la parole, ni l’accessibilité au lamido. Donc nous, nous sommes là pour écouter leurs problèmes et les transmettre au lamido. C’était notre rôle en premier lieu ».

Ces femmes engagées travaillent dans tous les domaines sociaux : santé, éducation, conflits conjugaux… Afin de mener à bien leur mission, elles disposent d’une tranche d’antenne à la CRTV, le matin, à 6h30, et surtout elles collaborent avec les associations locales afin d’essaimer. « Nous partons les voir et faire des causeries éducatives pour leur transmettre ce que nous savons et pour écouter leurs problèmes. Beaucoup ne sachant à quel saint se vouer ».

Une collaboration fructueuse avec le district de santé

Et depuis l’été 2018, l’une de leurs activités principales sur le terrain est désormais la recherche des enfants et des femmes enceintes dont le protocole de vaccination a été interrompu. Ils sont appelés les « perdus de vue ». L’objectif est de les sensibiliser à l’importance de la vaccination et de les convaincre de retourner dans la formation sanitaire dont ils dépendent afin de rattraper les séances de vaccination manquées.

Les femmes notables collaborent en effet, depuis le 1e juillet 2018, avec le district de santé de Ngaoundéré urbain, après avoir reçu en juin une formation, financée par l’UNICEF, sur la vaccination et la surveillance communautaire des maladies évitables par la vaccination.

Les femmes notables travaillent en étroite collaboration sur trois aires de santé, avec trois chefs de centre. Un protocole a été mis en place afin d’organiser le travail et d’évaluer l’impact des femmes notables. Chaque chef de centre prépare la liste des perdus de vue, c’est-à-dire des bébés de 0 à 11 mois et leurs mamans qui ont commencé la vaccination, mais qui ont interrompu le processus. Avec cette liste, Damaris et ses consœurs, se rendent dans les quartiers, les maisons, retrouver les familles concernées et les convaincre de venir continuer la vaccination.

Elles remplissent et transmettent alors à la famille visitée une fiche de référence que les mamans remettront au centre de santé. Un moyen efficace de comptabiliser et de jauger leur apport.

Elles profitent de ces descentes ciblées sur le terrain pour rendre des visites plus spontanées dans les quartiers. Et bien souvent, elles sont accueillies positivement, comme lors de cet après-midi de janvier.

Deux enfants perdus de vue retrouvés

La première famille ciblée est bigame et compte 13 enfants. Nous arrivons à l’heure du déjeuner. L’accueil, tant des mamans que des enfants présents, est vraiment cordial et même chaleureux.

Une partie des femmes notables accueillie chaleureusement par cette famille

Toute la fratrie a bien débuté la vaccination, mais sans jamais finir le calendrier complet. Lorsque les femmes notables demandent aux mamans la raison de l’abandon de la vaccination, la réponse est simple : « parce que le premier vaccin, le BCG, a fait mal aux enfants ».

Toutefois, le travail de sensibilisation semble avoir porté ses fruits. En effet, les deux jeunes bébés de la maison ont reçu plus que le BCG, avec deux vaccins pour l’un et trois pour l’autre. Afin de motiver plus encore les mamans, les femmes notables reprennent leur discours, expliquent, rassurent afin que les mamans comprennent l’importance de la vaccination pour la santé de leur bébé. Satisfaites de cette visite et de l’intérêt porté à leurs enfants, c’est avec enthousiasme que les mères demandent même à faire une photo de famille à laquelle elles convient leur amie qui vient de les rejoindre avec leurs enfants. Une autre maman qui sera sensibilisée elle aussi.

La photo de famille chez une famille reconnaissante

Une sensibilisation réussie

Lors d’une visite dans un autre quartier, avec une autre équipe, le même accueil positif est réservé à ces femmes impliquées, à l’approche douce et didactique, sans aucun jugement. C’est dans une concession qui compte plusieurs maisons qu’elles continuent leur œuvre. Le chef de famille de la première partie de la concession reçoit volontiers l’équipe et répond aux questions des femmes notables, sans réticence, et même avec un certain enthousiaste. Il a deux garçons, jeunes, présents. Il n’est pas peu fier de dire qu’ils sont tous les deux vaccinés, même si dans un premier temps, il semble dans l’incapacité de fournir leurs cahiers de vaccination.

Les femmes s’avancent alors plus loin à la rencontre d’autres résidents.

Damaris prend tout de suite un nouveau-né dans ses bras, une petite fille d’à peine quelques mois. La maman n’est pas là et ce sont deux femmes de la concession qui s’en occupent, mais elles ne peuvent garantir que la petite est à jour en terme de vaccination. Quand la maman revient quelques dizaines de minutes plus tard, elle confirme aux femmes notables que c’est bien le cas, cahier de vaccination à l’appui.

Damaris et un bébé qui a reçu tous ses vaccins

En repartant, ces dames repassent dans la concession du père rencontré plu tôt qui nous interpelle. Il a pris le temps de chercher les deux cahiers de vaccination de ses fils afin de nous les montrer. Si beaucoup d’hommes restent à convaincre dans la région, de l’aveu même de Damaris et de ses consœurs, ceux qui l’ont été et ont compris l’importance de la vaccination pour leurs enfants affichent fièrement leurs connaissances et les partager. Ainsi, ils font eux aussi de la sensibilisation à leur niveau, même malgré eux.

Un père fier de présenter ses deux fils qui ont reçu tous leurs vaccins

Et pour continuer d’essaimer, les femmes notables, comme celles issues des associations, continuent leurs visites de maison en maison, de quartier en quartier, d’aire de santé en aire de santé. Un travail titanesque qu’elles s’attellent pourtant à faire gracieusement et inlassablement en plus de leurs activités privées, avec pour seule récompense, la satisfaction du travail bien fait et du soutien à leur communauté.

Par Karine Bertonnet

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