Rescapé des chantiers miniers grâce au Club adolescents de son village

Ekamba Belinga Viny, âgé de 17 ans, vivant dans le village de Mbal, a le plaisir de retrouver le chemin de l’école, après avoir passé un an à travailler dans la mine familiale.

Des rêves plein la tête, Viny voit ses aspirations brisées lorsque ses parents lui annoncent brutalement qu’il devra interrompre ses études pour se consacrer entièrement à l’extraction de l’or dans le chantier minier familial ; il est alors en classe de 2nd. Dans cette communauté, chaque famille détient un puits pour creuser de l’or et les enfants y sont tout autant impliqués que les adultes, ils représentent en effet une main d’œuvre gratuite : “Mon père et mon tuteur voulaient que j’aille creuser l’or pour ramener de l’argent à la maison, ils ne voulaient plus que j’aille à l’école, pour eux c’était une perte de temps’’ déclare tristement Viny. Ses parents n’étant pas suffisamment informés sur les droits des enfants, la scolarisation de leur progéniture ne constitue pas une priorité. Ils préfèrent nettement que leurs enfants se consacrent à une activité génératrice de revenus telle que la recherche de l’or, afin de subvenir aux besoins primaires de la famille. Les parents mettent souvent en avant le manque de moyens financiers comme argument pour déscolariser leurs enfants et les inciter à rechercher de l’argent par leurs propres moyens.

Viny n’est pas de cet avis !

Etant membre du club des adolescents de l’UNICEF a Mbal, il a conscience que l’éducation est l’un des droits fondamentaux des enfants. En effet, le club des adolescents a été mis sur pied par l’UNICEF lors de l’implémentation du projet KOICA dans 254 villages de la région de l’Est, parmi lesquels le village Mbal. Ce club a pour but ultime de sensibiliser les adolescents ainsi que les parents sur les droits fondamentaux des enfants. ‘’ C’est grâce au club que j’ai appris que le travail des enfants est interdit et que je dois aller à l’école au lieu de passer le temps à creuser de l’or’’ affirme Viny. Le club d’adolescents de Mbal organise régulièrement des campagnes de sensibilisation et des descentes dans les ménages pour expliquer aux jeunes et aux parents l’importance du respect des droits fondamentaux des enfants. Lorsque que le cas de Viny a été reporté au club, une descente de sensibilisation et une collecte de fonds ont été organisées pour sensibiliser sa famille sur les droits des enfants et permettre à Viny d’avoir les fournitures scolaires nécessaires et retourner à l’école. ‘’Le leader du club est venu dire à mes parents que je dois aller à l’école, c’est l’école qui va garantir mon avenir’’ dit Viny. ‘’ Nous avons le devoir de dire aux parents ce qui doit être fait pour le bien de leurs enfants afin qu’ils abandonnent les mauvaises pratiques’’, nous renseigne Yannick, l’un des leaders du club d’adolescents de Mbal. Aujourd’hui, Viny annonce fièrement qu’il est en classe de 1ere D et compte être un élève studieux afin de réussir haut la main à son examen en fin d’année. Il nourrit le rêve de devenir ingénieur et compte travailler d’arrache-pied pour y parvenir. Viny est un membre actif du club d’adolescents et il sensibilise ses paires sur leurs droits fondamentaux.

Plusieurs enfants âgées de 05 à 17 ans se retrouvent comme Viny, à abandonner leurs études au profit d’activités économiques pour la famille. Ceci est principalement dû à la pauvreté. Les enfants qui travaillent dans les chantiers miniers sont exposés à des risques très élevées car ils travaillent dans des conditions dangereuses. Dans la région de l’Est, environ 56% des adolescents sont impliqués dans le travail des enfants et 54% travaillent dans des conditions dans des conditions difficiles (MICS 2014). Pour pallier cette situation, l’UNICEF veille à la sensibilisation des parents pour le respect des droits des enfants, notamment le droit à l’éducation. Ceci passe par la construction des écoles inclusives pour permettre aux enfants d’étudier dans les conditions optimales et favoriser la rétention scolaire. UNICEF veille aussi à ce que les parents développent des activités génératrices de revenus pour subvenir aux besoins de la famille et lutter contre la faim comme le préconise l’Objectif de Développement Durable 1 ‘’Pas de faim’’. Ceci permet également de lutter contre la pauvreté qui constitue un véritable frein à l’éducation pour des millions d’enfants dans le monde. Dans la même veine, l’une des pistes d’actions prises lors du sommet de la transformation de l’éducation en 2019 est de réduire les taux élevés de pauvreté pour promouvoir une éducation inclusive, équitable, sure et saines.

— — — Par Hapsatou Mamadi, stagiaire UNICEF Cameroun