Quand des enfants déscolarisés retrouvent de l’espoir

UNICEF Cameroon
4 min readAug 29, 2019

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Plus de 800 enfants vont reprendre le chemin de l’école dans les localités de Mbile, Lolo, Timangolo, Gado, Borgop et Ngam à l’Est et dans l’Adamaoua. Grace à l’appui de l’UNICEF ils ont passé six semaines d’activités pédagogiques et attractives lors des vacances.

Après quelques heures de voiture entre Bertoua et Garoua Boulai dans la région de l’Est, un camp de réfugiés se profile au loin, celui de Gado. Les bâches en plastique blanc qui recouvrent les toits des maisons faites en matériaux provisoires reflètent le soleil. Alors qu’on croit trouver des écoles désertes à cause des vacances, la cour de l’école publique située au bord de la route se présente très animée avec la présence de nombreux enfants répartis en groupes de jeux (claquettes, saut à la corde, football…). C’est l’heure de la recréation et à voir les sourires et rires de Salamatou et Maliki, c’est un moment de pur bonheur. [CN1]

Salamatou, âgée de 14 ans aujourd’hui, est arrivée au Cameroun lorsqu’elle avait 10 ans et n’avait jamais fait l’école. Grace au Programme alternatif accéléré et inclusif pour les enfants non scolarisés(PAIENS) elle a pu apprendre à lire. Cependant, lorsque les écoles qui étaient provisoirement installées dans le camp ont été fermées et les enfants reversés dans les écoles hôtes, celle- ci a cessé d’y aller afin d’aider son papa à faire les champs pour aider sa famille. Son maitre est revenu convaincre son géniteur de lui permettre de faire des cours de rattrapage pendant les vacances et six semaines après, Salamatou reprend goût à l’école. « Je remercie mon père de m’avoir permis de revenir à l’école pour apprendre et jouer avec mes camarades. Lorsque j’allais l’aider dans les champs je pensais toujours à mes camarades qui étaient en classe et quelques fois je pleurais ». Nous raconte-t-elle. Aujourd’hui elle se dit prête à ne plus abandonner l’école et voudrait devenir enseignante.

A côté de Salamatou, sa copine de jeu Maliki, 13 ans, affiche un grand sourire. Ce sourire, elle l’avait perdu. Orpheline de père, depuis son arrivée au Cameroun elle a abandonné l’école après n’avoir été inscrite qu’une année à cause des problèmes d’argent de sa maman qui devait en dehors d’elle, s’occuper de ses 10 autres frères. Elle a donc été contrainte pour subvenir aux besoins de sa famille, de laisser ses amies à l’école pour aller vendre des beignets faits par sa maman déjà fatiguée. Elle se souvient encore des fois où elle rencontrait ses camarades avec leurs cartables rentrer des classes. « Ça me rendait jalouse » dit-elle. Sa maman a été sensibilisée sur la possibilité pour sa fille de reprendre l’école et lui a permis d’occuper ses vacances par une activité éducatrice. Aujourd’hui Maliki se dit heureuse et voudrait ne plus jamais arrêter d’aller à l’école pour réaliser son rêve, celui de devenir Ministre et aider toute sa famille .

Assurer un retour à l’école définitif

Tout comme Salamatou et Maliki, plusieurs enfants logés dans les communautés les plus affectées par l’afflux des réfugiés centrafricains ont été admis au Curricula Accéléré pour la réinsertion des enfants déscolarisés (CARED). Avec ce programme, l’UNICEF accompagne le MINEDUB pour renforcer les capacités de l’offre de l’éducation de qualité dans ces localités. En même temps que se prépare la construction de plusieurs salles de classe, il s’avère nécessaire de lutter contre l’abandon scolaire qui entre temps s’est fortement accru. Il est donc important d’assurer la réinsertion et la réinscription des enfants dans les écoles dès septembre 2019. Les 542 enseignants, dont 371 femmes, formés dans le cadre de ce programme se disent satisfaits des performances des enfants. Alexis, 32 ans et instituteur à l’école publique de Gado est l’un d’eux. « La formation que nous avons reçue nous a appris à enseigner les enfants en situation d’urgence. Sans elle nous ne pouvions pas les retenir pendant les vacances et les encadrer. » nous confie-t-il. Son secret ? combiner travail et jeux. « Le programme enseignement — jeux leur permet d’assimiler leurs leçons tout en s’amusant. Si dans le système formel, l’accent est plus mis sur les enseignements, dans ce programme nous voulons créer quelque chose qui les attire et ce sont ces activités récréatives. Je suis convaincu que dès la rentrée ils voudront tous retourner à l’école » nous dit-il. Sa plus grande fierté c’est d’avoir ramené le petit Hamza qui pendant 3 ans abandonnait toujours l’école avant la fin du 1er trimestre car il trouvait le programme difficile. Aujourd’hui Hamza a appris à bien lire et est motivé à continuer pour devenir médecin.

Malgré quelques difficultés soulevées, notamment le temps relativement court et le nombre d’enfants plus grand que prévu, la possibilité de sourire à nouveau a été donnée aux enfants ainsi que l’espoir de pouvoir réaliser leurs rêves.

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UNICEF works in Cameroon to give a fair chance in life to every child, everywhere, especially the most disadvantaged.

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