UNICEF Cameroon
4 min readApr 29, 2019

Prevention du VIH/Sida chez les jeunes

Aurélie — Une vocation née d’une tragédie familiale

Légende — Aurélie, membre de l’association Horizon Jeune et accompagnatrice psycho-sociale

Aurélie, 26 ans, a intégré Horizon Jeune en 2012, d’abord comme membre, puis pair éducateur et superviseur pairs éducateurs, pour devenir membre de l’équipe cadre éducative en 2015. À son arrivée dans la ville, elle se rend à l’hôpital afin de faire un bilan et un test de dépistage VIH. Face à son intérêt pour le sujet, son interlocutrice la met en contact avec l’association Horizon Jeune. Elle l’intègre et ne la quittera plus. Au contraire, elle grandit avec l’association, comme elle aime à le dire. Elle commence par assister aux réunions, puis saisit l’occasion, dès qu’elle se présente, de faire la formation de pair éducateur. « Nous avons été formés sur plusieurs sujets : la sensibilisation, la prévention primaire en général, comment éviter d’être en contact avec la maladie, particulièrement le VIH. Mais aussi, comment se comporter en société pour ne pas être victime de viol, avoir une vie saine, ne pas subir de grossesse précoce… »

Une de ses premières missions a été de travailler à l’élaboration d’une cartographie des risques et vulnérabilités de la ville de Dschang afin de réduire ces zones identifiées.

« Nous avons été formés pour faire une descente sur le terrain. Chacun dans son quartier devait identifier les coins sombres, les endroits où les jeunes se rassemblent pour causer et où il peut y avoir agressions, viols ; les buvettes ou les endroits où les gens se cachent pour fumer… Des zones qui peuvent faciliter les comportements à risque. », se souvient-elle.

Petit à petit, elle évolue dans l’association et en dehors. Elle a en effet postulé et été retenue comme accompagnatrice psycho-sociale (APS) pour le VIH par le Groupe technique régional. « J’accompagne les enfants contaminés de la formation sanitaire. En tant que APS pédiatrique, j’ai le devoir d’accompagner ces enfants. Je m’occupe également des femmes enceintes et des femmes allaitantes ».

Mais Horizon Jeune n’a pas été sa première expérience de sensibilisation au VIH. Avant de s’installer à Dschang, elle participait aux campagnes du gouvernement : Vacances sans SIDA. Cette expérience lui ayant procuré quelques informations sur le VIH et le SIDA.

Mais qu’est-ce qui motive cette jeune femme depuis tant d’années ?

« J’ai une personne proche infectées par le VIH, d’où ma curiosité et ma grande motivation. Je me demandais ce que je pouvais bien faire pour les aider.

Pendant longtemps, j’ai pleuré, impuissante, à me demander si cette personne allait mourir et ce que j’allais devenir. Bien sûr, elle était suivie et je l’aidais à bien respecter les heures de prises de médicaments. Et puis, il y avait aussi des enfants dans la même situation, dans mon entourage. Je me demandais : qu’est-ce qu’ils ont bien pu faire pour mériter ça, qu’est-ce que je peux bien faire pour les aider ? », finit-elle par se confier.

C’est sans doute en partie cette expérience de vie qui la pousse à prendre très au sérieux son rôle d’APS qui consiste à apporter du soutien aux personnes qui vivent avec le VIH, à les soutenir dans leur prise en charge, « et à leur faire comprendre, qu’en réalité, ils ne sont pas différents des autres, si ce n’est que dans leur système immunitaire, on a retrouvé un corps étranger. » insiste-t-elle. La stigmatisation est très lourde à gérer pour les patients comme pour leur famille. « Ils ne doivent pas se sentir stigmatisés. Moi-même qui ai un parent malade, je me sentais stigmatisée. Mais pourquoi ? Aujourd’hui j’ai dépassé ça. C’est une maladie comme une autre, et il y a un traitement : les ARV. Ce que je dis à mes patients, c’est que tant qu’ils prennent bien leurs médicaments et qu’il mange correctement, ils auront la vie sauve. Ils vont mourir, comme tout le monde, mais pas à cause du VIH. »

Si elle est motivée et positive, elle n’en subit pas moins des déceptions, même si elles restent rares. Mais un cas l’a vraiment ébranlée en tant qu’APS.

« J’ai eu un cas qui a été positif de transmission de mère à l’enfant. Ça m’a fait très mal. Il fallait écrire un rapport et j’en ai pleuré. Voir un enfant innocent qui va prendre les médicaments tout au long de sa vie, c’était très dur… C’est vrai que j’ai même grondé la maman. Puis, je suis revenue au bon sens. J’ai fait mes visites à domicile chez elle pour lui remonter le moral, à elle, mais aussi à la famille. Aujourd’hui l’enfant a un an et demi et vit bien. Je continue d’appeler, de demander de bien surveiller son alimentation et de respecter les heures de prise de médicaments. »

Même avec ce nouveau poste, très prenant, Aurélie reste à Horizon Jeune. Elle tient même, « la minute santé », pendant les réunions du samedi. « Un jour je devrais partir, mais c’est compliqué. C’est une famille qui aide vraiment les jeunes ».

En plus de ces deux activités, Aurélie est étudiante et pas dans n’importe quelle discipline. Elle suit un master en nutrition communautaire et « mon thème porte la prise en charge des personnes vivant avec le VIH. Je veux travailler sur VIH. Il n’y a pas que le traitement médicamenteux. L’alimentation est capitale, par exemple, pour une bonne absorption des médicaments pour les enfants comme pour les adultes » tient-elle à préciser.

Cette jeune femme engagée a trouvé sa voie et ce, depuis longtemps : le soutien aux personnes vivant avec le VIH, comme sa maman…

Par Karine Bertonnet

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Written by UNICEF Cameroon

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