Madeleine et Éric, des animateurs passionnés

UNICEF Cameroon
4 min readMay 8, 2019

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Depuis 2017, Yokosiré, dans l’Est du Cameroun, est doté d’un centre préscolaire communautaire (CPC) qui accueille des enfants de 3 à 5 ans avant leur entrée en maternelle. Madeleine, animatrice, nous parle avec passion de son métier, ou plutôt de son activité, puisqu’elle exerce sans être rémunérée, comme son collègue Éric.

Madeleine, animatrice au centre préscolaire communautaire de Yokosiré

Cette jeune femme de 22 ans est enthousiaste lorsqu’il s’agit d’évoquer l’intérêt du CPC. « Venir à l’école en préscolaire a donné de la joie aux enfants » explique-t-elle avec un large sourire. Et de continuer « Quand je travaille avec eux, je vois leur manière de faire. Ils évoluent, ils comprennent beaucoup de choses qu’un enfant en école primaire ne comprendra pas aussi rapidement, s’il n’est pas aller en CPC. Le préscolaire est donc très important pour ouvrir l’esprit des enfants avant l’école primaire et développer leurs facultés d’apprentissage. Quand l’enfant va en CPC, il sait un peu compter et identifier les lettres ».

Si cet enseignement n’a rien d’obligatoire, il est fortement conseillé. Madeleine, qui s’occupe de ces jeunes enfants, a enregistré pour cette année scolaire, pas moins de 72 enfants, tout autant de filles que de garçons. Et pour que ses petits élèves soient assidus, elle fait également de la sensibilisation auprès des familles. Ainsi, il lui arrive d’aller de maison en maison afin d’expliquer aux parents qu’il faut envoyer leur enfant au CPC, tous les jours. Ces visites portent leurs fruits pour quelques temps, mais les mauvaises habitudes reviennent vite. Passionnée et consciente des atouts que le CPC offrent aux enfants, elle finit par reprendre son bâton de pèlerin. Mais, avoue-t-elle « Je n’ai pas d’autorité ici », il n’est donc pas simple de se faire entendre.

Des enfants réfugiés intelligents

Situé dans ce petit village, posé à quelques encablures de Garoua-Boulaï, près de la frontière avec la République centrafricaine, le CPC reçoit les enfants locaux, mais également ceux des réfugiés qui ne sont pas non plus tous assidus. Madeleine explique la raison de l’absence de ses élèves. « Nous sommes dans la zone des réfugiés. Un enfant peut venir aujourd’hui, mais pas demain. Parce qu’il a faim… S’il a bien mangé le matin, il vient au CPC ».

Des enfants pour lesquels, elle éprouve manifestement une certaine tendresse et qu’elle refuse de voir stigmatisés. « Ces enfants sont vraiment intelligents ». Ce que confirme Éric, son collègue qui précise que « les 5 premiers élèves au classement sont des réfugiés. Ils interviennent beaucoup en classe ».

Et Madeleine de renchérir : « L’année dernière, j’ai eu un de ces enfants. Il n’était jamais venu à l’école et pourtant il comprenait tout, vite. Dès qu’il me voyait former une lettre au tableau, si je lui demandais de venir essayer à son tour, il reformait la lettre parfaitement du premier coup ! »

Éric, animateur au centre préscolaire communautaire de Yokosiré

Des moyens limités

Avec son collègue Éric, elle a été formée à dispenser des activités de lettres, de mathématiques, d’anglais, d’informatique. Mais elle regrette, pour cette dernière activité, de ne pouvoir en faire profiter ses petits élèves puisque le CPC ne dispose ni de matériel, ni même d’électricité. Ils sont en effet logés dans un petit bâtiment sommaire prêté par la communauté et logé au sein de la chefferie, l’autorité traditionnelle.

Madeleine, animatrice, devant le petit local qui lui sert de salle de classe

Le CPC de Yokosiré vit avec très peu de moyen. Grâce à la communauté et à ces deux animateurs passionnés qui travaillent au quotidien, sans recevoir de rémunération. Une communauté qui essaie de financer leur transport, mais leur situation ne le leur permet pas toujours, comme l’explique et le comprend Madeleine. « Si j’étais payée, je ne demanderais rien à personne. Je pourrais payer mon transport sans problème, sans rien demander à la communauté. C’est gênant d’être dans cette situation » confie-t-elle.

Mais qu’est-ce qui la motive ? « J’aime les enfants. J’ai toujours aimé transmettre ce que j’apprenais. Je le faisais déjà avec mes amies quand j’étais petite et que j’allais à l’école. Quand j’ai eu cette occasion d’en faire mon métier, je l’ai saisie ». Tout simplement…

Par Karine Bertonnet

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UNICEF works in Cameroon to give a fair chance in life to every child, everywhere, especially the most disadvantaged.

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