Lutte contre le choléra : Comment l’UNICEF et les communautés ont réduit les cas dans 8 districts de santé à Douala et Yaoundé
Face à la résurgence de l’épidémie de choléra en 2023, un consortium d’organisations locales soutenu par l’UNICEF a déployé des stratégies innovantes à Douala et Yaoundé. Grâce à une approche participative alliant communication interpersonnelle et cinéma numérique ambulant, les résultats montrent une baisse marquée des cas en 2024. Retour sur cette initiative de prévention et de réponse.
En réponse à la recrudescence de l’épidémie, l’UNICEF a immédiatement réagi en apportant un soutien technique et financier à un consortium d’organisations locales, composé de Volontaires pour Tous au Cameroun (VTCAM) et Espace Lumière (EL). Ce consortium d’ONG a mis en place un dispositif de riposte axé sur l’engagement communautaire et la cocréation. Cette initiative visait à développer la résilience des populations face à l’épidémie en augmentant leur conscience du risque et en encourageant l’adoption de comportements protecteurs.
L’intervention, s’étalant sur six mois, a été construite autour de la cocréation avec les communautés touchées. Un diagnostic participatif a permis d’identifier les zones à risque et de planifier des actions ciblées. Parmi ces actions, la formation de 240 volontaires locaux s’est avérée essentielle pour la mobilisation porte-à-porte, la distribution d’Aquatabs pour purifier l’eau, et la mobilisation des ménages vulnérables.
L’une des innovations clés a été l’utilisation du cinéma mobile. Un film de 13 minutes, reflétant la réalité des communautés en matière d’eau, d’hygiène et d’assainissement (WASH), a été projeté dans les quartiers affectés. Ce film, intégralement joué par des membres des communautés, a déclenché des discussions animées et a abouti à l’engagement de 1 240 leaders locaux à soutenir les efforts de prévention et de réponse.Afin de mieux engager les femmes dans la mobilisation communautaire, 40 marchés ont été ciblés dans les villes de Douala et Yaoundé.
Cela a permis de renforcer les connaissances d’environ 4 800 personnes, dont de nombreusesfemmes commerçantes. Ces femmes, souvent au cœur des transactions alimentaires et de la distribution de produits, ont été des relais essentiels pour diffuser les messages de prévention et encourager l’adoption de comportements hygiéniques visant à freiner la propagation du choléra dans les communautés.
« Je remercie l’UNICEF pour son soutien aux actions de lutte contre le choléra. Dans mon quartier, il y a surtout les jeunes. Les vacances arrivent et je vais organiser un tournoi de football. J’aimerais avoir une copie de ce film pour le montrer aux spectateurs entre les matches. Je pense que ça va contribuer à conscientiser les jeunes et les populations”, a déclaré le chef d’un carré à Nylon Douala.
Les résultats sont impressionnants : plus de 852 000 ménages ont été sensibilisés, plus de 1,9 million de comprimés d’Aquatabs distribués, et des milliers d’élèves, commerçants et chauffeurs de taxi ont été touchés par les messages de prévention. L’impact de ces actions est déjà visible, avec une chute drastique du nombre de cas de choléra en 2024 par rapport à l’année précédente. En effet, à la 35e semaine de l’année 2024, seuls 520 cas et 8 décès ont été enregistrés, contre 3 676 cas et 129 décès à la même période en 2023, selon le Ministère de la Santé Publique.
« Merci à l’UNICEF pour cet effort pour soulager les populations de Douala. Les agents sont effectivement venus chez-moi. Mais je souhaite que les responsables passent à l’église les dimanches, pour parler aux membres d’église et répondre à leurs questions. », plaide le pasteur d’une paroisse au quartier Nylon.
En impliquant les communautés dès la planification et en utilisant des outils de communication innovants, cette initiative montre que la réponse au choléra peut être intensifiée et adaptée pour obtenir des résultats concrets. L’engagement des leaders et des habitants, cœur de cette stratégie, sera le modèle pour des interventions sanitaires plus efficaces et durables au Cameroun.
— — -Par Martin Engoulou, Social and Behavior Change Specialist