L’UNICEF SE MOBILISE A MAGA, EXTREME NORD, POUR LES SINISTRES DES INONDATIONS

UNICEF Cameroon
6 min readOct 5, 2024

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Les U- Reporter auprès des sinistres de Maga

Les inondations frappent durement l’Extrême Nord du Cameroun, région sahélienne frontalière du Tchad et du Nigeria, l’une des plus précaires du pays. Au moins 365 000 personnes ont été sinistrées par les inondations, un nombre qui devrait encore augmenter dans les joours et semaines qui viennent. Reportage à Pouss, dans la commune de Maga, département du Mayo Danay, où l’UNICEF se mobilise pour venir en aide aux sinistrés.

Sur la route constellée de profonds nids de poule qu’ont encore creusés les pluies torrentielles, un providentiel brin de soleil et de ciel bleu souligne la beauté de la région sahélienne en saison des pluies. Le vert ardent des rizières, les notes rouges des hautes tiges de mil, les pirogues des pêcheurs prises dans les hautes herbes fluviales qui s’étalent depuis les berges fragiles du lac Maga. Un paysage qui semble idyllique, empreint de douceur de vivre, dans le département du Mayo Danay, dans l’Extrême Nord du Cameroun.

Mais, arrivés à Maga, un ciel d’airain vient happer la lumière et déverse sur la terre gorgée d’eau ses torrents de pluie. La douceur fait place à la violence de la pluie diluvienne qui éreinte sans pitié les habitants et les abris de fortune.

Sous ce grain battant, le convoi UNICEF progresse lentement sur la digue fragile et largement impraticable, où l’on ne peut circuler que sur autorisation préfectorale, si étroite que l’on redoute de croiser un véhicule qui vient dans l’autre sens, et qui oblige les 4X4 à des contorsions périlleuses. On guette tous, inquiets, les rognements de l’eau contre la terre trop meuble, prêts à faire céder la digue. La route en contrebas n’est plus empruntable, rendant difficile l’accès des camions pour les approvisionnements. Le Tchad n’est pas loin, à vol d’oiseau, mais, pour l’atteindre en voiture, c’est une autre affaire. Alors c’est en pirogue que l’on se déplace, pour se rendre à l’école ou pour aller au marché.

Nous arrivons au quartier de Palia-Pouss, une illustration en miniature des dégâts qui ont ravagé et ravagent encore la région. Ici, selon le responsable du camp, 10 000 personnes sinistrées ont dû quitter leur maison, inondée ou effondrée, pour s’installer sur un terrain tout aussi détrempé mais qui deviendra leur abri provisoire, le temps que les pluies cèdent leur place au soleil qui assèchera la terre.

C’est le paradoxe de la région sahélienne, un couple infernal sécheresses/inondations que le changement climatique accentue, laminant le cycle naturel autrefois source d’équilibre dans la région.

Les sinistrés de Palia attendent la Représentante de l’UNICEF sous ce ciel bas et lourd, sous la pluie qui fouette les visages. Ici, l’UNICEF, comme les autres acteurs humanitaires, accompagne le Gouvernement pour apporter une aide aux sinistrés pendant cette période critique. Il a fallu pour cela procéder à l’identification des ménages les plus vulnérables, notamment ceux qui comptent des enfants de moins de cinq ans.

Sur l’ensemble de la zone de Maga, incluant Pouss et le site de sinistrés de Palia, l’UNICEF déploie une réponse multisectorielle comprenant la distribution de cash pour que les sinistrés puissent pourvoir à leurs besoins essentiels, que ce soient des abris, des nattes, de la nourriture, des produits d’hygiène, qu’ils peuvent se procurer sur les marchés locaux, heureusement encore actifs. 8 000 ménages ont été recensés sur la région et, parmi eux, déjà 1 300 ménages bénéficieront de cette aide dans quelques jours. Afin d’étendre cette aide aux autres ménages vulnérables et de pousser plus loin, vers le lac Tchad, où les besoins sont aussi immenses, l’UNICEF a lancé un appel à ses donateurs.

L’agence des Nations Unies est épaulée par les jeunes volontaires U-Reporters dont certains sont originaires de Maga, et bien connus de la population. Ils rendent visite aux familles, évaluent leur situation, écoutent les récits parfois dramatiques dans lesquels les sinistrés relatent le moment où leur situation, déjà précaire, a basculé. Les fournitures scolaires noyées avec les papiers d’identité et les actes de naissance, les biens, les meubles, les vêtements… Les maigres possessions de familles vivant dans une région parmi les plus démunies du Cameroun, et qui subit le même sort que le Tchad et le Nigeria voisins, victimes d’un changement climatique que trop peu ont vu venir… Les disparus et les êtres chers perdus quand le ciel et la terre se sont soudain fondus dans l’eau. Alors la présence des U-Reporters fait du bien, au cœur et à l’âme.

Le site de Palia est aqueux, les boues collent aux pieds, l’eau envahit le sol des abris précaires que protègent difficilement quelques bâches plastique. Mais quand la pluie frappe sans répit, que l’on n’a ni vêtements secs ni couvertures, on reste dans ses vêtements mouillés, attendant le retour du soleil en grelottant.

Dépourvu de latrines, le site n’offre qu’un maigre horizon noyé pour soulager ses besoins. Afin de prévenir les risques sanitaires comme l’exposition aux agressions pour les filles et les femmes, malheureusement légion quand la vie est précaire, l’UNICEF s’engage à construire des latrines genrées, un système d’adduction d’eau pérenne et des douches, sur des espaces appartenant aux autorités municipales. Car l’ambition n’est pas d’investir dans des solutions temporaires sur un terrain de fortune, mais de fournir des installations qui perdureront après le retour des sinistrés dans leur maison, et qui résisteront aux prochaines pluies.

‘Nous devons proposer une réponse qui vienne durablement en aide aux habitants face aux impacts du changement climatique, explique Nadine Perrault, Représentante de l’UNICEF Cameroun. C’est vrai en matière d’eau, hygiène et assainissement comme d’éducation et de lutte contre le changement climatique.

Car il faut penser à la suite. Celle, immédiate, pour que les écoles puissent accueillir les enfants qui ont dû mettre de côté leur rentrée scolaire ; pour que l’eau potable soit accessible ; pour éviter le choléra et la recrudescence du paludisme ou de la typhoïde, la malnutrition, aussi, qui menace les enfants quand le foyer manque de vivres, tous ces maux qui s’insinuent dans le cortège des catastrophes.

Celle, à plus long terme, maintenant que le changement climatique dérègle tout le Sahel qui contribue pourtant si peu au réchauffement de la planète. Comment vivre, éviter les maladies, protéger les récoltes et les cheptels, comment apprendre, se développer, s’épanouir ?

Les sinistrés de Palia, comme les 365 000 sinistré de l’Extrême Nord Camerounais, pourtant, prennent un problème après l’autre, et comptent sur la solidarité de celles et ceux qui, moins touchés, leur ouvrent les portes de leur foyer (lire aussi l’histoire de Asta). La région sahélienne est une région où la solidarité prend tout son sens.

On estime que 365 000 personnes ont déjà été affectées par les inondations, dont environ 124 120 enfants, dans l’Extrême Nord du pays, et les prévisions font craindre une augmentation du nombre des sinistrés.

__ Written By Anne Fouchard, Chief Partnership, Advocacy and Communication (Office UNICEF Representative Yaounde, Cameroon)

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