“Les interventions de l’UNICEF sont de très bonne qualité dans la région de l’Extrême-Nord”.
Moustapha Harouna, le nouveau Chef de la Section WASH UNICEF Cameroun était en mission de terrain dans la région de l’Extrême-Nord. Il donne son avis sur les défis liés aux interventions dans le secteur de l’eau et l’assainissement, dans cette région qui fait partie des zones d’interventions prioritaires de l’UNICEF.
D’entrée de jeu, quel est l’objectif de votre visite dans la région de l’Extrême-Nord ?
Merci. Je dois déjà signaler que c’est ma première sortie depuis mon arrivée à la tête de la section Wash de l’UNICEF Cameroon, il y’a exactement deux mois. Nous avons au total trois objectifs assignés à cette mission de terrain. Le premier objectif c’est d’abord une prise de contact. A la fois avec nos partenaires gouvernementaux, ceux des organisations de la société civile, ainsi que les prestataires de services qui sont les entreprises. Le deuxième objectif c’est de visiter les ouvrages qui ont été réalisés, la qualité de l’exécution et éventuellement apporter des observations et corrections là où il faut. Le troisième objectif assigné à cette mission c’est d’accompagner le bureau de zone, en particulier le WASH officer de Maroua, sur un certain nombre de contraintes auxquels il fait face et pouvoir trouver des solutions pour lui permettre d’assurer sereinement ses fonctions.
Pour cette première descente dans les bureaux de zones, vous avez porté votre choix sur la région de l’Extrême-Nord, y-a-t-il une raison particulière à cela ?
La région de l’Extrême-Nord fait partie des régions prioritaires de l’UNICEF, en raison de la situation d’urgence dans laquelle la région se trouve. Nous évoquons ici la situation liée aux mouvements des populations. C’est aussi l’une des régions les plus peuplées du pays. Avec les indicateurs parmi les plus bas en termes de services sociaux de base. En plus de cela nous avons un certain nombre d’urgence qui reviennent en récurrence. C’est le cas des inondations, le cas des épidémies. Actuellement nous sommes en train de monter le niveau de vigilance sur la préparation à la réponse choléra. Même si nous n’avons pas eu réellement de cas au Cameroun depuis 2019, le fait que des districts frontaliers au Nigéria soient déjà en épidémie nous interpelle à faire l’état des lieux des dispositifs qui sont en place pour nous permettre de nous préparer à la venue éventuelle du choléra. Au moins le prévenir et dans le cas où il arrive, d’être en mesure de le contrecarrer correctement. Voilà les raisons qui m’ont amené à porter le choix sur la région de l’Extrême-Nord. Si non, c’est un périple qui arrive ainsi à son terme, un périple qui m’a conduit à notre bureau de l’Est qui couvre également N’Gaoundéré. J’étais à Garoua, puis ici à Maroua. Bref, un séjour de onze jours qui m’a permis de rencontrer à tous les niveaux, nos partenaires, échanger avec eux, détecter quelles sont les contraintes auxquelles ils font face et proposer des solutions. Et dans certains cas, élaborer un plan d’action qui nécessite des actions à court terme, pour permettre de relever quelques goulots d’étranglement.
L’UNICEF est sur plusieurs chantiers réalisés ou en cours dans la région de l’Extrême-Nord, quel est le constat que vous faites au terme de votre visite ?
Disons-le tout de suite. J’ai fait un constat positif. Les interventions de l’UNICEF sont de très bonne qualité dans la région de l’Extrême-Nord. Mais nous avons un certain nombre de difficultés avec des partenaires, essentiellement les entreprises privées, en ce qui concerne le respect du délai de livraison. Ils ont du retard dans l’exécution des travaux, même si par ailleurs la qualité du travail y est. C’est le premier constat. Nous avons tenu beaucoup de réunion avec ces entreprises pour essayer de trouver des voies et moyens pour sortir de la situation et d’accélérer la cadence de la mise en œuvre. La deuxième observation que j’ai faite, bien que nous ayons des interventions de très bonne qualité dans tous les secteurs, que ça soit l’éducation, la santé ou le Wash, le VIH, la protection ou la communication. L’effort qui nous reste à fournir c’est de continuer à intégrer davantage nos interventions. Je pense que ça c’est une priorité du bureau zone de Maroua. Lors de mon entretien avec l’équipe locale, j’ai senti un désir d’aller, cette volonté d’aller vers plus d’intégration. C’est pourquoi le bureau a désigné un certain nombre de communes vers lesquelles les actions vont converger. Ça c’est un effort à consolider. C’est un constat fort mais il reste à opérationnaliser, faire en sorte que les autres sections convergent exactement. Voilà quelques constats que j’ai faits. L’un des constats que je me dois aussi de mentionner ici c’est que j’ai trouvé une équipe dynamique au niveau local, qui connait très bien la situation, qui est engagée et qui ne désir qu’à travailler pour mettre en œuvre les interventions.
Terminons sur cette question, nous sommes à la fin de l’année transition à l’UNICEF. Bientôt c’est le programme 2022–2026 qui démarre, y-a-il des annonces pour le secteur Wash dans la région ?
Il y’a pas d’annonce en tant que telle. C’est qui est sûr nous allons continuer le même niveau d’intervention dans le secteur eau et assainissement. La seule différence notoire qu’il faut mentionner ici c’est que nous allons nous recentrer pour davantage faire de l’impact. Jusque-là nous avons fait une couverture un peu dispersée dans la région. Maintenant, nous allons nous recentrer sur les communes et dans ces communes, nous allons viser l’accès universel. C’est-à-dire nous allons faire en sorte que l’ensemble des communautés dans cette commune ait accès à l’eau. Nous ne serons pas seuls, nous allons accompagner les communes pour mettre en œuvre les plans de développement communaux, élaborer des fiches sectorielles d’investissement sur lesquelles l’ensemble des partenaires de la commune vont s’engager avec l’UNICEF. Donc nous allons recentrer nos actions sur un certain nombre de communes, maximiser les interventions. Comme je parlais tantôt de l’intégration, si davantage les secteurs de l’UNICEF convergent vers cette commune et si on met l’enfant au centre de nos préoccupations, il bénéficie à la fois des interventions en eau et assainissement en milieu scolaire et en milieu communautaire, il bénéficie également des interventions de santé dans sa localité, de protection dans la même localité, de VIH…etc., on maximise les chances, ce qui n’est pas le cas avec les interventions que nous avons faites jusqu’ici. C’est ça la nouvelle approche que nous allons adopter à partir 2022. Je vous remercie.
Interview réalisé par Isaac Dimaissou