Le rêve de Samira, déplacée interne
Je serai une femme. Oui une femme respectable. Je serai comme les autres, celles que mes parents regardaient à la télévision avec beaucoup d’admiration. Je parlerai et les populations de ma communauté m’écouteront. J’écrirai et le monde entier me lira. Je démontrerai à mes frères et sœurs qu’on peut venir de Limani dans la région de l’Extrêne-Nord Cameroun et bénéficier de toutes les attentions. Oui moi. Moi qui me retrouve actuellement dans un camp des déplacés sans acte de naissance, loin de ma terre natale. Je serai une femme. Oui ! celle sur qui l’espoir de tout un village repose.
Je combattrai pour une justice équitable. Je me battrai pour éloigner de mon village les actes terroristes qui ont favorisé la malnutrition aigüe sévère chez des enfants. La propagation du Vih/Sida et d’autres maladies vénériennes s’est accentuée du fait de multiples violes sur les mineurs et les femmes. Je me battrai. Je me battrai pour que les pouvoirs publics se soucient en tout temps du bien être des populations de ma communauté et non uniquement pendant des campagnes électorales. Je me battrai pour assurer un avenir radieux à tous les enfants de ma communauté car ils n’ont rien fait pour mériter une telle injustice. Je me battrai pour que tout enfant qui est temporairement ou définitivement privé de son milieu familial, ou qui dans son propre intérêt ne peut être laissé dans ce milieu, ait droit à une protection et une aide spéciale de l’Etat. Je me battrai, oui je me battrai, je me battrai pour que mon pays prenne toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger tous les enfants contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle.
Je serai une femme, oui ! une femme respectable. Je me battrai pour que mon pays et d’autres Etats prennent les mesures appropriées pour qu’un enfant qui cherche à obtenir le statut de réfugié ou qui est considéré comme tel, bénéficie de la protection et de l’assistance humanitaire. J’ai ce rêve
S’il vous plait, aidez-moi à le mettre en œuvre, car vous en avez les moyens. Oui Les moyens de m’offrir une éducation de qualité. Les moyens d’assainir mon milieu pour que je grandisse dans un environnement sain, sans conflits armés. Les moyens de m’offrir les soins de santé et de vivre dans la dignité.
Propos recueillis par Jean Paul MBIA