La veille de la rentrée, la nuit de la douleur

UNICEF Cameroon
4 min readSep 26, 2024

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Alioum Seini élève en classe de 4eme ressort de l’inondation avec un pied cassé

Les pluies torrentielles ont détruit plus de 56 000 maisons, inondé des dizaines de milliers d’hectares de cultures, et causé la perte de milliers d’animaux dans l’Extrême Nord. Plus de 67 000 ménages, soit environ 365 000 personnes, ont déjà été affectés, selon les données de OCHA du 19 septembre 2024.

Des écoles inondées sont fermées dans cette zone de la région de l’Extrême-Nord. Et les inondations accroissent la vulnérabilité des habitants.

La région de l’Extrême-Nord est connue pour son climat sahélien, ensoleillé et sec, où la chaleur est extrême. C’est une région sujette aux sécheresses, mais en saison pluvieuse, des pluies intenses causent des inondations. Bien que la région soit depuis quelques années déjà touchée par le changement climatique, personne n’imaginait l’ampleur des dégâts que l’abondance des pluies allait causer cette année. « Nous avons enregistré 07 morts dans la localité de Pouss suite à cette inondation » a déclaré Seini Idrissa agent de santé communautaire.

« La pluie a commencé doucement le 08 septembre 2024. Tout le monde était préoccupé par les préparatifs de la rentrée scolaire. C’était des gouttes fines et régulières. On pensait que cela serait une pluie ordinaire, qui aiderait nos plantations dans les champs. Mais elle s’est intensifiée, il a plu plus que d’habitude, des grosses pluies qui ont inondées les rues. Le niveau des eaux a monté à une hauteur incroyable. Les maisons étaient submergées et détruites » explique Abdoulaye Bangui le chef du quartier Gouvray 1. Ce chef compte 30 personnes sous son toit avec ses deux femmes ; mais il se retrouve sans abri car les 08 chambres à coucher se sont écroulées ainsi que la cuisine. « Tout est détruit, mais je ne peux pas aller vivre dans le camp : j’ai le devoir de protéger la population qui est restée, et d’encourager ceux qui sont partis à revenir reconstruire après le passage de l’eau » ajoute-t-il.

Les témoignages traumatiques des sinistrés

« L’inondation a causé la mort de mon enfant de 03 ans. J’ai fait sortir tous les enfants, je ne sais pas comment ma fille est retournée dans la chambre. La maison s’est effondrée sur elle » raconte Tchaou Hina le père de la fillette en deuil.

« On était couchés avec mon frère quand, à notre grande surprise, la maison a commencé à s’écrouler. Le temps pour moi de sortir la maison, et elle s’est effondrée sur mon pied qui s’est cassé. Mes camarades ont repris le chemin de l’école. Mais moi je dois encore attendre, car il est encore difficile pour moi de me déplacer pour le moment » Alioum Seini, élève de 4ème vivant dans la localité de Pouss.

« On a entendu les cris chez le voisin. On est allé vérifier ce qui se passait. Peu après, on a entendu des bruits venant de notre maison, on a donc couru chez nous où l’on a vu que la chambre de grand-mère s’était écroulée. On a essayé de vite soulever les gravats, mais c’était trop tard. On n’a retrouvé que son corps sans vie » se souvient Souboura Moise, le petit fils de la défunte.

Des sinistrés privés de ressources vitales

« Qu’allons-nous manger cette année ? Les champs de riz ont tous été inondés et détruits, on n’a rien à récolter cette année. Déjà, sur le marché, la tasse du riz qui coûtait 800 FCFA est passée à 1750 FCFA » s’inquiète Mamah Amazia.

« Ma famille ne vit que de la pêche, c’est la seule activité que mon mari et les enfants savent pratiquer ; avec cette inondation et l’eau qui a augmenté dans les digues, ils ne peuvent plus pêcher » raconte Amina Roua.

Apporter des solutions durables

« Les constructions doivent être adaptées avec les matériaux durables, sinon, chaque année, on risque de connaitre les mêmes scénarios. La pluie de cette année est plus intense que celle de l’an dernière, la population doit se préparer pour les années à venir » commente Seini Idrissa, l’agent de santé communautaire à Maga.

« La solution doit être trouvée pour que, l’an prochain, on ne revienne plus vivre sur le site qui est inondable. On doit construire les maisons sur l’espace en hauteur et mettre des voies de canalisation dans les quartiers pour canaliser l’eau. La vie hors de ma maison n’est pas facile » ajoute Phimanou Vernique, habitant de Pouss.

« Les inondations de cette année sont un signal, et nous devons être préparés pour affronter d’autres éventuels changements liés au climat. Les constructions avec les matériaux durables sont à privilégier, nous constatons que toutes les maisons construites en ciment sont aussi inondées, mais ne se sont pas écroulées » ajoute Seini Idrissa.

Par Fideline Minda, Communication Officer, Bureau UNICEF Maroua

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