La double peine de Amina Roua, sinistrée de Pouss

UNICEF Cameroon
4 min readSep 26, 2024

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Agée de 39 ans, Amina est mère de 10 enfants. Elle allaite un nourrisson de 04 mois. Originaire de Logone et Chari, Amina a fui la guerre dans sa localité, Darak, vers Kousseri avec sa famille quand la guerre a éclaté il y a quelques années, pour s’installer dans le Mayo Danay à Pouss.

Amina Roua et ses enfants

« Nous avons recommencé à vivre, à reconstruire notre vie ici à Pouss » nous raconte Amina. Mais en septembre 2024, une inondation catastrophique a frappé le département du Mayo Danay. « Nous avons perdu tout ce que nous avions reconstruit. Je n’imaginais pas qu’un jour nous allions fuir à nouveau pour vivre dans un camp » témoigne Amina Roua désespérée.

Elle se souvient de ce soir où ils ont dû fuir leur maison « Quitter la maison, c’est tout ce que je craignais. Les souvenir de notre première fuite me traverse encore la tête et je ne voulais pas que les enfants revivent encore les souvenir de fuite. Pour éviter cela, nous avons essayé au début d’évacuer l’eau qui entrait dans nos chambres, mais, à un moment, la situation n’était plus maitrisable. Les eaux ont monté rapidement, l’eau a emporté nos bétails, les maisons se sont fissurées, et sont tombées, et nous avons dû évacuer notre maison en urgence pour nous retrouver ici, sur le site de Palia » raconte Amina.

Amina en compagnie de l’équipe UNICEF et U Report sous la tente qu’elle partage comme chambre à coucher

La vie sur le site

Le camp de Palia est un terrain vaste et ouvert, avec des tentes en toiles plastiques pour certains et des branches d’arbres pour d’autres pour tout logement. « Les conditions sont difficiles. Il n’y a pas de toilettes, pas de cuisine, nous devons faire la queue lorsqu’il faut aller puiser de l’eau » nous confie Fatime.

La nuit est pire « Les tentes sont froides et humides, il y a constamment la pluie qui vient empirer les choses. Quand il pleut, nous nous regroupons tous dans les tentes qui ont des toiles plastiques. Souvent nous sommes mouillés, et comme nous n’avons pas des habits de rechange, nous sommes obligés de rester avec jusqu’à ce que les habits sèchent sur nous. Nous essayons au maximum de protéger les plus petits. Les enfants ont peur du noir, et des bruits étranges pour eux dans la nuit. Ils parlent tout seuls dans leur sommeil, nous les réconfortons comme nous pouvons, mais nous avons peur nous-mêmes, parce que nous ne savons pas ce qui peut nous arriver la nuit comme les tentes ne sont pas couvertes » exprime Amina Roua. « Je veux juste qu’on retourne à la maison, dormir ici c’est difficile » rajoute sa fille Aicha de 11 ans.

La situation est aussi difficile pour les élèves qui doivent étudier. « C’est compliqué ici, j’espère que nous allons très vite retourner à la maison parce qu’ici personne ne peut étudier : dès que tu ouvres ton cahier la pluie vient le mouiller. La nuit, quand tu allumes la torche pour lire, ce sont les insectes qui envahissent tes yeux sans compter les moustiques qui vont te piquer toute la nuit. La seule solution pour moi, c’est de rentrer à la maison et qu’on trouve la solution une bonne fois pour toute à cette inondation. D’ailleurs j’ai perdu mon acte de naissance pendant l’inondation comme mes fournitures scolaires. Nous avons dû tout racheter pour la seconde fois car l’eau a emporté tout ce que j’avais préparé pour la rentrée » explique Ramata Souleyman élève en classe de 4éme vivant sur le site.

« Nous avons besoin d’aide. Nous avons besoin d’abris, de nourriture, de moustiquaires car les moustiques ici c’est infernal. Je pense c’est ce qui cause le paludisme à nos enfants. Nous avons besoin de soutien en attendant que l’eau redescende et que l’on rentre pour reconstruire nos maisons » plaide Mamah Amazia.

UNICEF, à travers son partenaire AEDD, est sur le terrain pour enregistrer les familles touchées par les inondations et les familles d’accueil afin d’apporter son soutien avec du cash transfert. Cet argent transmis via les comptes en ligne mobiles permettra aux sinistrés d’acheter ce dont ils ont besoin pour faire face au quotidien. « Beaucoup de familles sont touchées, mais nous faisons de notre mieux afin d’identifier les plus vulnérables. Nous constatons lors des enregistrements que des familles d’accueil hébergent plus d’une famille de victimes, nous les enregistrons toutes » témoigne Fadimatou Fadila, agent enquêteur AAEDC.

Les jeunes U Reporters de Maroua et The World We Want (3 W), une ONG de jeunes activistes du climat, se sont engagés à apporter leur soutien aux familles de sinistrés à travers une assistance morale à la communauté touchée et une causerie éducative sur les Violences Basées sur le Genre et l’hygiène. « C’est triste de voir des familles qui se retrouvent sans abri à cause de cette catastrophe climatique. En tant que jeunes activistes du climat, nous sensibilisons et soutenons ces personnes qui ont besoin de nous ; nous éclairons aussi la communauté sur les effets du changement climatique, afin que cette inondation serve de leçon pour l’avenir, et que chacun à son niveau puisse entreprendre une action résiliente aux effets climatiques. C’est une fierté d’être utile pour ma communauté », conclut Abdou Youssoufa Coordonnateur 3 W et U-Reporter.

— — Par Fideline Minda, Consultante Communication, Bureau UNICEF Maroua

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