De nouvelles infrastructures augmentent la fréquentation scolaire dans la Région de l’Est
Il est 10h à l’école publique de Bindia situé dans la région de l’Est. Lorsque nous arrivons, nous sommes tout de suite frappés l’étendue de cette école. Notre attention est attirée par ce gigantesque château d’eau peint en bleu et ces salles de classes aux couleurs gaies qui se présentent toutes neuves. La cour est déserte et le silence nous laisse percevoir les cris d’oiseaux dans les champs environnants. Mais deux minutes plus tard, tout change et l’environnement n’est plus le même. Un enseignant vient de sonner la cloche qui annonce la recréation et la cour se bonde d’enfants. Ils sont plusieurs centaines, filles et garçons qui sautent partout et produisent un volume sonore presque insupportable. Plusieurs parmi eux se dirigent vers les cinq robinets installés dans la cour, se bousculant car chacun veut être le premier à être servi. Les plus vifs en profitent pour en faire un jeu car l‘eau coule à flot. Il faudra la présence de l’enseignant Martin les ramener à une meilleure discipline. « Il y’en a pour tout le monde, soyez juste patients et chacun sera servi. » leur rappelle-t-il.
En face, certains enfants sont regroupés devant le bâtiment de nouvelles salles de classe et demandent même d’être pris en photos par l’un des membres de l’équipe. « C’est ainsi à chaque recréation. Lorsque la cloche sonne, ils laissent leurs vieilles salles de classe pour venir remplir la notre parce que c’est propre et neuf » raconte Hortense, l’une des élèves avec un air a la fois fier et taquin pour se moquer de ses camarades d’une autre classe voisine.
Ces enfants sont tous inscrits à l’école publique de Bindia qui vient de bénéficier de la construction de quatre nouvelles salles de classes inclusives, un bureau pour la directrice et l’adduction d’eau potable alimentée par l’énergie solaire. « Au moment où les travaux de construction commençaient, beaucoup de parents étaient curieux de savoir ce qui sera fait à l’école. Lorsqu’ils ont été achevés et que nous avons annoncé leur utilisation, nous avons reçu beaucoup de demande ».
En effet, Bindia est une localité accueillant un très grand nombre de réfugiés centrafricains. Un site leur a été offert par le Chef du village pour s’y installer. Leur installation progressive a ainsi augmenté la taille de la population créant une demande plus forte de scolarisation. Seulement, à cause du nombre réduit de salles de classes, l’école primaire ne pouvait pas accueillir plus de 500 enfants. Malgré cela, c’est un peu plus de 700 qui étaient inscrits lors des deux dernières années. Ceux-ci étaient alors obligés de se serrer dans ces salles de classes déjà insuffisantes. « Nous étions obligés de mettre les enfants de niveaux différents ensemble parce qu’il n’avait pas assez de salles de classe pour tout le monde. Avant la fin de l’année beaucoup abandonnaient », nous raconte la Directrice. En plus quand les enfants avaient soif, ils devaient parcourir de longues distances pour s’abreuver et la plupart ne revenait pas en classe. Les jeunes filles aussi en période de menstrues avec le manque d’eau préféraient rester à la maison. Certaines lorsqu’elles se salissaient avaient honte et décidaient même de ne plus venir à l’école. Une situation qui avait un impact sur le maintien des enfants à l’école et leurs résultats scolaires à cause de leurs absences répétées.
C’est pour contribuer à améliorer la santé, la sécurité et la scolarisation de ces enfants que ces nouvelles infrastructures ont été construites et beaucoup de parents voudraient que leurs enfants soient inscrits dans cette école. « Nos deux nouveaux bâtiments ont les plus belles salles de classe. Elles sont naturellement les plus jolies de notre enceinte et font notre fierté. Elles nous aident même sur le plan pédagogique car nous avons une leçon intitulée : ‘ les couleurs parlent ‘ qui consiste à montrer la différence entre les couleurs pour les plus petits. Ainsi, à partir des couleurs de ces salles de classes et de notre château d’eau, nous faisons de meilleures illustrations » nous confie la Directrice. « La disponibilité de l’eau également permet aux enfants de toujours rester à l’école. C’est pourquoi vous verrez que le nombre d’enfants inscrits a augmenté » continue-t-elle.
En effet, au début du mois d’octobre, 980 élèves dont 715 réfugiés étaient déjà inscrits à l’école. Parmi ces enfants on compte 529 filles et 451 garçons. « Nous allons continuer les inscriptions jusqu’au 31 octobre pour permettre aux parents retardataires d’envoyer leurs enfants et on est sûr de dépasser 1000 élèves car chaque parent veut envoyer son enfant où les conditions d’apprentissage sont bonnes » dit la Directrice en nous montrant l’arbre qui lui servait de bureau avant le nouveau bâtiment très bien aménagé pour lui permettre de bien travailler.
Les installations de cette école interviennent pour poursuivre les objectifs du Gouvernement du Cameroun en matière d’éducation universelle et équitable, en particulier au profit des enfants. Mettant un accent dans six communes de la région de l’Est pour faire face aux privations des enfants touches par les conflits en matière d’éducation, l’UNICEF avec le soutien de KOICA promeut une approche qui vise une amélioration de l’éducation de qualité pour la réussite scolaire, la promotion de l’éducation inclusive pour les groupes défavorisés et l’amélioration de la santé des enfants grâce à des services fiables d’approvisionnement en eau et d’assainissement dans les écoles. Les infrastructures constituent des éléments essentiels à l’apprentissage dans ces écoles car elles favorisent un meilleur enseignement, renforce les acquis scolaires et réduit l’abandon scolaire… entre autres.