COMMUNIQUE DE PRESSE DE L’UNICEF AU CAMEROUN
A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, avec les jeunes de JVS et de 3W, l’UNICEF plaide pour des investissements urgents, durables et massifs avec et pour les enfants et les jeunes.
Yaoundé, le 22 mars 2024. L’édition 2024 de la Journée Mondiale de l’Eau porte sur « L’eau pour la Paix ». Celle de 2023 traitait de « l’accélération des changements vers l’accès de tous à des services durables d’eau ». Un sujet qui reste d’actualité dans le contexte camerounais marquée par d’importants défis à relever dans les secteurs de l’eau et de l’énergie. Pour contribuer à la paix, l’eau doit être accessible à tous de manière équitable et durable.
L’accès à l’eau et à des services d’assainissement et d’hygiène pour tous en 2030 est l’Objectif de Développement Durable (ODD) n° 6 que la communauté internationale s’est engagée à atteindre en 2015.
Au Cameroun, selon la Stratégie Nationale de Développement (SND 30), la population ayant accès à l’eau est passée de 45,3% en 2007 à environ 70% aujourd’hui, soit une amélioration notable. Mais la situation est très contrastée et beaucoup moins favorable en milieu rural, où moins de la moitié des ménages ont accès à l’eau potable contre 8 ménages sur 10 en milieu urbain. La qualité de l’eau disponible n’est pas au rendez-vous, et une eau polluée aggrave l’exposition aux maladies diarrhéiques et par conséquent à la malnutrition. En outre, seuls 43 % des Camerounais ont accès à des installations sanitaires de base, avec un écart important entre les zones urbaines (58 %) et les zones rurales (22 %). La moitié des écoles seulement ont accès à l’eau potable, et 30 % disposent d’installations sanitaires adéquates.
Dans des régions comme le Nord et l’Extrême Nord, les pénuries d’eau sont de plus en plus fréquentes et sévères du fait du changement climatique. Ainsi, dans la région du lac Tchad, le manque d’eau est la source de conflits et de déplacements de population et menace la sécurité alimentaire des populations et, de fait, la nutrition des enfants, avec des taux de malnutrition aiguë préoccupants dans les régions de l’Extrême-Nord (8,0 %) et de l’Adamawa (6,6 %).
Le manque d’eau et de services d’assainissement couplé aux impacts du changement climatique qui se traduisent par des pénuries mais aussi des inondations plus sévères ont pour conséquence une augmentation de maladies comme le choléra[1] et le paludisme. Au cours des 40 dernières
années, 2023 a été la deuxième année la plus touchée par le choléra, avec un total de 21 255 cas et 508 décès signalés au 14 décembre 2023.
Le nombre de personnes déplacées par les inondations, en particulier dans l’Extrême-Nord, augmente. Les fortes pluies et les inondations survenues entre août et novembre 2023 dans l’Extrême-Nord et au Tchad ont touché plus de 10 000 personnes et entraîné le déplacement d’environ 2 300 personnes, dont 1 200 ont fui le Tchad pour se réfugier au Cameroun. Environ 38 écoles et six centres de santé ont été endommagés.
En 2023, l’approvisionnement en eau potable et l’accès à des installations et fournitures sanitaires appropriées a été une priorité absolue pour l’UNICEF et ses partenaires qui ont fourni une assistance aux personnes déplacées et rapatriées et à leurs communautés d’accueil, ainsi qu’à d’autres personnes touchées par les conflits armés, les catastrophes naturelles et les épidémies. Mais le manque de ressources financières a limité l’action.
Agence chef de file du groupe WASH au Cameroun, l’UNICEF assure la fourniture de services WASH au niveau des communautés, des écoles et des établissements de santé. L’UNICEF apporte également ses connaissances en matière de préparation et de réponse aux situations d’urgence, de soutien au renforcement des systèmes et de plaidoyer national et mondial en faveur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène.
Fort de ce rôle de leader au sein du système des Nations unies, et en lien avec les Jeunes Voix du Sahel (JVS)[2] et l’association the World We Want (3W), l’UNICEF lance un appel à tous les acteurs, publics, institutionnels et privés pour accélérer, de toute urgence, l’accès aux services durables d’eau et d’assainissement pour tous au Cameroun, par des investissements durables.
L’UNICEF soutient le plaidoyer des jeunes activistes du climat acteurs du changement, qui réclament une place à la table pour discuter des actions et des investissements. « Trop peu d’investissements sont dirigés vers des réponses élaborées par et pour les enfants et les jeunes, déclare Nadine Perrault, Représentante de l’UNICEF au Cameroun. En effet, au niveau global, seuls 4% des investissements pour contrer le changement climatique sont orientés vers les enfants, et à peine 2% des enfants et des jeunes participent à l’élaboration des projets.
« Nous devons remettre en question nos façons de travailler face à ces défis et offrir des solutions qui favorisent la résilience des communautés et des jeunes. Nous le faisons, à l’UNICEF, en association avec les jeunes activistes qui connaissent mieux que personne les réalités auxquelles sont confrontées leur communauté, et qui sont engagés dans des actions d’adaptation et de gestion responsable de l’eau », poursuit Nadine Perrault.
Les JVS au Cameroun font partie des associations soutenues par l’UNICEF et qui plaident activement pour faire valoir leur vision du changement climatique, notamment à travers des débats avec les acteurs politiques et scientifiques et la sensibilisation des communautés aux enjeux. « Il faut investir dans l’éducation et la formation professionnelle des populations locales pour renforcer leurs capacités à trouver des emplois durables et à s’adapter aux changements environnementaux dans la région » dit Yvette Firita, 24 ans, JVS Cameroun.
Président de l’association 3W et vivant dans la région du lac Tchad, Abdul complète : « Pour faire face aux défis de manière durable, il faut des stratégies qui intègrent la préservation du lac Tchad, l’adaptation au changement climatique et la sécurité alimentaire avec des mesures de conservation de l’eau, la régulation de l’exploitation des ressources en eau et la promotion de pratiques agricoles durables pour réduire la pression sur les ressources naturelles. Et il faut une approche régionale de la gouvernance. »[3]
En amont du Sommet mondial de l’eau qui se tiendra en mai prochain à Bali, Indonésie, les jeunes activistes camerounais s’engagent dans un dialogue régional sur la question du lac Tchad, à l’invitation de leurs homologues tchadiens, qui se tiendra début avril à Ndjamena.
En sa qualité d’agence chef de file du groupe WASH au Cameroun, l’UNICEF saisit l’occasion de l’édition 2024 de la journée mondiale de l’eau pour réitérer son engagement à redoubler d’efforts dans le processus d’accélération des changements vers l’accès de tous à des services durables afin que l’eau contribue effectivement à la Paix au Cameroun.
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A propos de l’UNICEF
L’UNICEF promeut les droits et le bien-être de chaque enfant, dans tout ce que nous faisons. Nous travaillons dans 190 pays et territoires du monde entier avec nos partenaires pour faire de cet engagement une réalité, avec un effort particulier pour atteindre les enfants les plus vulnérables et marginalisés, dans l’intérêt de tous les enfants, où qu’ils soient.
Pour plus d’information, merci de contacter :
Anne Fouchard, Chief of Partnerships, Advocacy and Communication: afouchard@unicef.org Tél: 237 657 75 05 32
[1] The cholera outbreak declared in October 2021 continued to affect Cameroon throughout 2023. As of 14 December 2023, 21,255 cases were reported with a 2.4 per cent fatality rate, and the outbreak remained active in the Centre and Littoral regions which together with the South-West region had reported the majority of cases overall, placing considerable strain on the healthcare system.
[2] Une initiative lancée par l’UNICEF en 2021 et qui regroupe des jeunes des 10 pays du Sahel. AU Cameroun, les JVS se sont constitués en association.
[3] Retrouvez les témoignages des jeunes de JVS et de 3W dans le dossier de presse de l’UNICEF Journée mondiale de l’eau 2024