Brigitte et Caroline Germaine, Championnes de l’enregistrement des naissances !
Le centre d’état civil de Bonadoumbé, à Douala, est géré par des femmes : Brigitte, officier d’état civil et Caroline Germaine, la secrétaire.
Passionnées, impliquées, très organisées, elles œuvrent ensemble depuis 11 ans dans ce centre, depuis sa création, et prennent leur rôle très au sérieux.
Brigitte, officier d’état civil, entre autres, rappelle l’importance de leurs fonctions dans la vie des populations. « Il faut qu’on sache que l’état civil, ce n’est pas rien. Être officier d’état civil, c’est avoir la grâce d’être cette personnalité qui agit dans les trois étapes essentielles de la vie d’un être humain : la naissance, le mariage, le décès. Nous célébrons les mariages et nous dressons les actes de naissance et les actes de décès. Il faut placer l’état civil au top niveau. J’essaie de faire en sorte que tout se passe bien. Que les gens qui viennent ici se sentent bien. Ainsi, il feront de la publicité et les autres viendront ».
Concernant l’acte de naissance, Caroline Germaine, la secrétaire d’état civil, regrette que la prise de conscience ne soit pas encore générale. Elle cite en exemple la pile de déclarations que le centre de santé a acheminé, sans que les parents ne soient venus retirer les actes de naissance. « Ils reviennent souvent quand l’enfant à 3 ans et qu’il faut l’inscrire à la maternelle, ou quand ils doivent préparer son dossier d’examen d’entrée en 6e. »
Elle explique que « les véritables problèmes sont surtout la communication et la sensibilisation. Les parents ne connaissent pas la nécessité de l’acte de naissance, ni les délais pour son établissement. »
Or, quand, l’enfant est né depuis plus de 90 jours, il est trop tard pour la déclaration. Il faut alors opter pour un jugement supplétif, ce qui semble compliqué, voire inaccessible pour les parents, en partie, une fois encore par manque d’information. Ainsi, Brigitte précise in fine, le jugement supplétif n’est pas un parcours du combattant insurmontable, même s’il faut effectivement s’armer de patience et suivre de près le dossier. Le problème admet-elle, est que « lorsque le jugement supplétif et donc le tribunal sont évoqués, les parents prennent peur ». Et d’ajouter « Nous avons fait une descente dans un quartier, il y a trois ans, pour sensibiliser la population. J’ai récupéré une trentaine de dossiers de jugement supplétifs que nous avons transmis au tribunal. Et en un mois et demi, c’était réglé. Mais c’est vrai qu’il a fallu suivre scrupuleusement les dossiers ».
Pour les parents, c’est moins facile. Comme l’explique caroline Madeleine, les parents ne savent pas à qui s’adresser lorsqu’ils arrivent au tribunal. Et Brigitte explique qu’avant même d’aller déposer le dossier au tribunal, ils doivent apporter les pièces qui doivent le composer. Les difficultés, les craintes, les a priori se manifestent dès cette étape. À ce sujet, elle revient sur un de ces éléments : le certificat d’âge apparent. « Les parents n’osent pas demander ce document au médecin de l’hôpital, alors qu’il s’agit pour lui de faire son travail et d’évaluer l’âge de l’enfant ». Et elle regrette que le jugement supplétif soit finalement une pratique encore très rare.
Il reste donc encore un grand travail de sensibilisation à effectuer. Et Caroline Germaine insiste sur le fait que les parents ne sont pas les seuls à en avoir besoin. « Il faut une bonne sensibilisation pour les centres de santé aussi. Sur les dix que nous couvrons, seuls deux nous apportent de façon systématique les déclarations de naissance. Il faut aussi sensibiliser le tribunal pour les jugements supplétifs, afin qu’il facilite le processus et l’accélère. »
Brigitte, comme Caroline Germaine, sont impliquées dans leur mission, qu’elles assument tous les jours de 13h à 17h30, comme au premier jour, malgré leurs activités annexes. Ainsi Brigitte est-elle en plus, femme politique, chef d’entreprise depuis plus de 15 ans, membre active de la société civile, mère de cinq enfants et même grand-mère de quatre petits-enfants. Et sa secrétaire d’état civil a elle aussi d’autres activités tient-elle à préciser. Quand nous leur demandons comment elles réussissent à tout mener de front, Caroline Germaine répond « organisation » et Brigitte « chaque casquette à son tiroir ». CQFD.