Adjara et sa famille prises au piège par les inondations
Sinistrées des récentes inondations dans l’Extrême-Nord du Cameroun, Adjara et sa famille se battent tant bien que mal pour se relever.
Des torrents d’eau déferlent sur les maisons, les engloutissent et les inondent. Sur des kilomètres, il n’y a plus que l’eau et la terre en dessous n’est plus visible. Ici et là, hommes, femmes et enfants affolés courent dans tous les sens, à la recherche d’une bouée de sauvetage ou d’un abri. Cela peut ressembler à l’ouverture d’un film, mais c’est l’histoire vraie de la localité de Mayo Sangue dans la Région de l’Extrême-Nord du Cameroun, confrontée à des inondations. Ici, après la pluie, ce n’est pas le beau temps, c’est plutôt le désastre.
Adjara, mère de 6 enfants a été témoin et victime de ces inondations dans la localité de Mayo Sangue. Sa famille et elle ont perdu leur maison et leurs moyens de subsistance et passent des nuits sans sommeil sur une natte dans l’une des salles de classe de l’école publique de Mayo Sangué.
« C’était pourtant une journée ordinaire lorsque la pluie a commencé à 13h. J’étais au champ et les enfants étaient à la maison. Mes enfants se sont retrouvés engloutis dans l’eau. La maison a commencé à s’effondrer. Les enfants ont échappé de justesse à la noyade. Avec l’aide des voisins, on a pu les sortir de là, sains et saufs. Mais tous nos effets et documents ont été engloutis et emportés. Cela a été un grand choc pour nous. C’est la première fois qu’une telle catastrophe se produise depuis des années que ma famille et moi sommes installés à Mayo Sangué», se souvient Adjara.
Adjara et sa famille ont tout perdu : les vivres, les ustensiles de cuisine, le mobilier, les documents, les fournitures scolaires des enfants… Tout a été englouti et emporté par les eaux. Elle raconte : « On n’a plus rien. Nous sommes désemparés. C’est comme s’il faut recommencer notre vie à zéro. C’est grâce à la solidarité des voisins et des biens alimentaires envoyés par des élites de la localité que nous avons pu survivre. Nous avons trouvé refuse dans cette école où nous passons nos nuits ».
Adjara et sa famille ne pourront pas continuer à dormir dans cette salle de classe dès la rentrée scolaire prévue dans un mois en début septembre 2024. Lorsqu’on lui demande où elle compte habiter avec ses enfants à la reprise des classes, elle répond d’un air interloqué : « Je ne sais pas ». L’avenir d’Adjara et de sa famille est imprégné d’incertitudes.
L’histoire d’Adjara est semblable à celle de milliers de personnes touchées par des inondations dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Ce phénomène n’est pas nouveau dans cette région, mais il devient de plus en plus récurrent et dévastateur à cause des impacts liés aux changements climatiques. La plupart des inondations surviennent durant la saison des pluies (de juillet à septembre). Depuis le mois de juillet, plusieurs localités ont été inondées par de fortes pluies, affectant en moyenne 158 000 personnes (14 364 ménages) et causant des dégâts divers aux cultures et aux habitations. Des familles qui ont perdu leurs maisons dorment en plein air non loin de leur abri endommagé ou détruit et vivent tous dans la peur d’un lendemain incertain.
Dans cette situation, les enfants sont particulièrement vulnérables, non seulement en raison du danger immédiat de noyade, mais aussi en raison des conséquences à long terme sur leur santé et leur éducation, ainsi que des risques liés à leur protection.
L’angoisse de futures inondations et de leurs conséquences pèsent lourdement sur le mental d’Adjara qui s’inquiète pour l’avenir de ses enfants, surtout parce qu’elle ne sera pas toujours là pour s’occuper d’eux au cas où des inondations se reproduiraient :« Je me sens parfois impuissante face à cette situation. Mais les appuis que nous avons reçus nous donnent la force de nous battre et nous relever », se confie-t-elle.
Face à cette situation, l’UNICEF et ses partenaires se tiennent aux côtés des populations affectées. Depuis le mois de juillet, l’UNICEF a distribué de kits d’urgence, pour répondre rapidement aux besoins immédiats. Des actions urgentes sont prises afin de renforcer le système de santé, limiter l’impact des maladies hydriques, maintenir les services de vaccination et permettre aux enfants de reprendre les classes dans des environnements sains et sécurisés.
Adjara et sa famille ont bénéficié de l’appui de l’UNICEF. « Le paquet que nous venons de recevoir nous redonne espoir que nous pouvoir nous relever de cette situation. Nous avons reçu des bouilloires, des savons, des seaux, des bidons, des jerrycans, des produits de purification d’eau. Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis contente de recevoir ce kit qui constitue une bouffée d’oxygène pour moi et ma famille. Nous disons un grand merci à l’UNICEF », se montre-t-elle reconnaissante après avoir reçu son kit d’urgence.
Alors que les pluies continuent, l’UNICEF et ses partenaires se tiennent aux côtés des victimes pour répondre aux besoins urgents des enfants et de leurs familles. Pour adresser cette situation de manière durable, le défi reste de mobiliser plus de ressources afin de développer des mécanismes pour la prévention en vue de mieux faire face aux prochaines catastrophes. L’UNICEF doit mobiliser environ 1 227 615 USD sur ses ressources internes et avec l’appui de ses partenaires pour répondre aux besoins urgents de 10 000 ménages comme celui d’Adjara, touchés par les inondations dans l’Extrême-Nord en 2024.
— — — Par Salomon Beguel, Communication Officer